09/06/2025
Dans les néo-spiritualités ou à travers le courant du développement personnel, nous lisons ou entendons régulièrement "si il t'arrive ceci, c'est parce que tu n'as pas encore travaillé cela en toi" ou bien "si tu es malade, c'est le signe que tu as mal fait ou pas fait quelque chose". Ô combien est-il destructeur de faire peser cette lourde charge sur les épaules d'un individu. Ô combien est-il culpabilisant pour une personne de penser qu'un événement malheureux surgit par sa faute, d'autant plus qu'un individu malade culpabilise déjà de ce mal qui l'envahit.
Cette manière de penser n'est pas étrangère à nos origines judéo-chrétiennes qui propagent depuis des siècles le sentiment que si l'on s'est mal conduit, on sera alors puni d'une manière ou d'une autre. Pas plus étrangère que l'avènement de la raison depuis le siècles des Lumières, qui nous a apporté certes les connaissances et le progrès, mais également la pensée logique "cause/conséquence" dont on peut difficilement s'écarter aujourd'hui tant elle est ancrée en nous. (Il n'y a qu'à regarder la seule pensée chinoise taoïste pour se rendre compte qu'il est possible de penser autrement)
Je tenais donc à apporter le point de vue de Jung sur la question. Lorsqu'il parle de surgissement, il évoque en globalité les synchronicités négatives qui parviennent depuis les tréfonds de l'inconscient afin de venir interpeller le Moi d'un individu, aux tendances plutôt unilatérales, afin de lui proposer des alternatives à son unique point de vue (mortifère). En d'autres termes, nous pouvons dire que l'inconscient, ou l'Autre en soi, tente de nous guérir de l'intérieur, si l'on veut bien l'accepter.
C'est pour cette raison que les crises, les maladies selon Jung sont une perspective de rééquilibrage intérieur, de réconciliation. La plupart du temps le conflit entre l'Ombre et la Persona d'un individu est trop fort, et la crise surgit tel un symptôme. Il en est de même lorsque le Moi est en inflation, imbu de lui-même en quelques sortes, et que cette attitude ne mène à rien d'autre qu'à la crise, et donc au retournement de situation.
Dans la perspective jungienne, il est donc impensable de croire que nous sommes responsables de nos malheurs, puisque cela reviendrait à reconnaître que le Moi d'un individu a tout pouvoir de choix et de décisions sur sa vie, ce qui est totalement erroné compte-tenu de l'existence de l'inconscient. Il s'agirait encore une fois de laisser la place à un Moi tout-puissant, capable de "travailler" sa propre santé, son propre bonheur, sans tenir compte des autres réalités (intérieures et extérieures à lui).
Dans la pensée taoïste chinoise encore, on parlerait de la chance du Ciel (l'infiniment petit, l'invisible), la chance de l'Homme, et la chance de la Terre (l'environnement direct) ; la chance de l'Homme n'étant qu'une des composantes de la vie sur laquelle à priori nous pourrions agir à minima (et humblement).
Pour Jung, la souffrance, au même titre que la jouissance, fait partie intégrante de la vie de l'être humain. Il ne s'agit donc pas de se dire "qu'est-ce que j'ai fait de mal pour mériter ça", mais plutôt "quel sens symbolique prend cet événement dans ma vie".
Je vous souhaite un beau travail sur les rêves, comme assouplissement du Moi et chemin de compréhension sur les malheurs qui nous traversent 🙏🏻