21/03/2020
PARTAGE D'UN TEXTE ECRIT PAR UNE CONSŒUR PSYCHOLOGUE
Cette période de confinement imposé nous confronte à l’interdit, aux limites, aux règles, posés par le parent symbolique face à un danger invisible. Nous sommes aussi confrontés à la frustration, au principe de plaisir qui ne peut être satisfait.
Chacun répond à cette confrontation selon son vécu face à la frustration et à l’angoisse de mort. Comme l’adolescent dans sa phase de rébellion, certains vont tenter de braver l’interdit, se croyant plus fort que le danger qu’il ne voit pas, au même titre qu’un adolescent pourrait dire aux parents « Arrêtez de vous inquiéter pour moi, il n’y a pas de danger, tout ira bien ! ». Il est d’ailleurs bien difficile de leurs faire entendre la nécessité de ce confinement aujourd’hui… Dans ce cas, il y a la croyance que le parent s’inquiète pour rien, qu’il exagère, voir même, qu’il cherche à l’embêter, voir à lui faire du mal. Cette position, nous le voyons notamment sur les réseaux sociaux, est omniprésente chez bon nombre d’adulte.
D’autres vont réagir de manière plus diplomatique, conscient de l’enjeu actuel, tentant de voir le côté « positif » de la situation, comme l’occasion notamment de faire ce dont nous n’avons pas le temps d’ordinaire de faire.
D’autres encore, essaient de marchander, « Sur cette plage, finalement je suis seul, non ? Où est le danger ? », «Confinement, ok, mais dans un endroit agréable où l’on va pouvoir sortir»…
Comme l’enfant qui essaie de négocier l’interdit, marchander, convaincre, séduire.
Et puis, il y a ceux qui sont sur le front, voient, sentent, soignent, qui tentent de réveiller les autres, «Si ! le danger existe ! », de raisonner ceux qui ont peur de grandir, de prendre sur soi, d’accepter le bien fondé d’un interdit, d’une limite, d’une frustration, comme une ouverture sur autre chose.
L’expérience de la vie nous refait passer, inlassablement, sur les étapes de la vie, de l’évolution humaine. Elle nous donne l’occasion de se libérer d’une étape dans laquelle nous sommes restés coincer, l’étape de l’enfance, « je ne suis pas responsable », l’étape de l’adolescence « je suis plus fort que tout le monde », l’étape de l’adulte qui apprend de ses expériences et découvre qu’il n’est pas tout puissant.
Bon cheminement à vous !
Marion Bérigaud, psychologue clinicienne