04/11/2025
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Elle ne s’est pas faufilée en territoire n**i.
Elle est entrée calmement, a sonné à la porte et a demandé une chambre.
Une femme polie, parlant un allemand parfait, avec de bonnes manières et un doux sourire.
Une locataire sans danger, sûrement.
Seulement, elle n’était pas inoffensive.
Son nom était Lise de Baissac, agent du SOE —
et le commandant de la Wehrmacht qui lui loua cette chambre venait, sans le savoir, d’accueillir un fantôme du renseignement britannique sous son toit.
Chaque matin, elle le saluait avec chaleur.
Chaque nuit, elle s’enfonçait dans l’obscurité, des explosifs sous son manteau, murmurant aux combattants de la Résistance :
« Nous travaillons en silence, ou nous ne travaillons pas du tout. »
Il pensait qu’elle était une simple locataire.
Elle était la surveillance.
Elle était le sabotage.
Elle était la mort marchant silencieusement dans ses couloirs.
Mais l’histoire ne commença pas en Normandie.
Elle débuta dans un ciel noir, le 24 septembre 1942.
Un bombardier Whitley rugissait au-dessus de la France, et une silhouette mince se jeta dans le vide.
Trente-sept ans. Seule.
Un parachute s’ouvrit en battant au-dessus du territoire ennemi.
Elle toucha terre brutalement, le cœur battant, les mains creusant frénétiquement la terre pour y enfouir la soie et le tissu britannique.
Quelques instants plus t**d, elle devint « Madame Irène Brisse »,
une v***e passionnée d’archéologie.
Une bicyclette, un carnet de croquis, une voix douce.
Une femme tranquille admirant les ruines romaines.
Invisible.
Mais dans son panier se trouvaient des messages codés, des détonateurs, des cartes des positions allemandes.
Et dans l’ombre, elle bâtit le réseau Artist —
une douzaine de résistants français devenus des centaines, puis des milliers.
« Ils ne cherchent jamais le feu dans les cendres », murmurait-elle.
Alors elle s’installa à cent mètres du siège de la Gestapo,
transformant son appartement en sanctuaire pour les agents du SOE arrivant en France.
Elle les formait, les armait, leur apprenait à survivre… et à ne pas mourir.
Ils la croisaient chaque jour dans la rue.
Ils ne voyaient jamais la lame qu’ils frôlaient.
Puis vint la trahison, en juin 1943.
Le réseau Prosper tomba ; les cris résonnèrent dans les caves allemandes.
Le temps s’évapora.
Elle brûla chaque trace.
Radio détruite. Documents anéantis.
Puis, à travers un champ sans lune, elle courut vers un Lysander en attente — trois minutes pour vivre ou mourir.
Les projecteurs griffaient le ciel quand l’avion décolla.
Elle ne cilla pas.
Londres l’accueillit. Sécurité. Reconnaissance. Repos.
Elle refusa.
Huit mois plus t**d, elle replongea en France.
Un autre nom. La même flamme.
Le Jour J approchait.
Chaque kilomètre qu’elle pédalait transportait des armes.
Des légumes au-dessus. Des explosifs dessous.
Un sourire aux Allemands qu’elle croisait.
« Ils pensent que les femmes sont invisibles », soufflait-elle.
« Ils devraient craindre ce qu’ils ne peuvent pas voir. »
Et quand elle eut besoin d’un logement dans une ville occupée ?
Elle loua une chambre à un commandant n**i.
Quelle audace.
Prendre le thé avec son ennemi.
Du pain et du beurre — avec, entre deux bouchées, des noms et des mouvements de troupes recueillis.
Puis disparaître dans la nuit avec ces informations,
pour mutiler, saboter et paralyser le Reich.
6 juin 1944. La Normandie brûle.
Les renforts allemands roulent — mais les routes explosent,
les ponts s’effondrent, les trains déraillent, les dépôts de carburant s’embrasent.
La redoutée division Das Reich aurait dû atteindre la Normandie en trois jours.
Elle mit dix-sept jours.
Dix-sept jours gagnés par des chaînes de vélo, des murmures codés et de la dynamite.
Par des mains calmes déguisées en mains inoffensives.
Par Lise.
Deux ans en clandestinité.
Deux sauts en parachute.
Deux réseaux bâtis et rebâtis sur les cendres.
La torture toujours à un souffle.
L’exécution toujours à un battement de cœur.
Elle survécut.
Elle reçut la MBE, la Croix de Guerre, la Légion d’honneur.
Mais les résistants n’en parlaient qu’ainsi :
« Elle était l’une des nôtres. »
Après la guerre, elle disparut dans la vie ordinaire,
plantant des fleurs au lieu de bombes,
arrosant des roses là où jadis elle arrosait le courage.
Elle ne demanda jamais d’applaudissements.
Les héros ne le font presque jamais.
Lise de Baissac vécut jusqu’à 98 ans.
Une femme discrète sur une bicyclette,
qui brisa un empire avec le silence et l’acier.
Elle prouva une vérité que les n**is n’ont jamais comprise :
Le courage n’est pas bruyant.
Il est patient.
Ordinaire à la lumière du jour, implacable dans l’ombre.
Et elle prouva encore une chose :
Parfois, l’arme la plus dangereuse d’une guerre…
c’est une femme que l’ennemi n’a jamais pensé craindre.