28/10/2025
Savez-vous qu’en Acupuncture Traditionnelle, nous avons beaucoup de points que l’on appelle des points « barrière », c’est-à-dire que dans leur nom, il comporte le caractère 關 (guān), qui signifie, barrière, fermer, utilisant le caractère de la porte à double battant, 門.
Ces points barrière sont à utiliser pour ouvrir ou pour fermer, en tout cas dans l’esprit de laisser passer, ou de laisser s’échapper. Attardons-nous sur le mot barrière. On peut le voir comme étant composé de BARrer et de RIÈRE.
Barrer. C’est tracer un trait sur ce qui a été. On barre un mot, non pas pour effacer, mais pour reconnaître que c’est passé, l'empreinte est toujours là, alors que gommer un mot signifie que l'on veut oublier un évènement. Ici, ce qui est barré a existé. Quand on barre un mot sur une page, c'est aussi pour laisser la place à un mot plus juste, plus vivant, un mot qui puisse être exprimé dans la langue que l'on parle. Peu importe si l'on parle français, chinois ou anglais, cette langue vivante est là pour nous traverser.
Alors peut-être que quand on barre, on ouvre. On ouvre à ce qui veut se dire maintenant.
Et puis dans barrière, il y a rière, ce qui est derrière, ce qui appartient à hier. Ce qui est derrière peut rester derrière, a-t-on besoin de se retourner pour avancer ? Parfois, on croit qu'il faut regarder en arrière pour comprendre, comme si le passé détenait encore la clé du futur, mais le passé est là sans qu'on ait besoin de le regarder sans cesse. Regarder derrière, c'est risquer de perdre le pas, alors que regarder devant, c'est tout simplement être ici et maintenant, c'est faire confiance à ce qui a déjà été intégré. La barrière nous enseigne cela, elle ne ferme pas le chemin : elle indique le seuil. « Ici, je m’arrête un instant, je regarde ce que je porte derrière moi, et je décide de ne plus le traîner avec moi. » Alors la barrière devient passage. Elle ne sépare plus, elle relie. Entre ce qui a été et ce qui est à venir, elle invite à ce lieu précieux : le PRÉSENT.
Ce n’est qu’en laissant le derrière à sa juste place qu’on peut marcher librement vers ce qui vient, et parler, enfin depuis le présent.