11/11/2025
Tu as grandi plus vite que tu ne l’aurais dû parce qu’on ne t’a pas laissé le choix. Tu étais cet enfant qui devait sourire quand il avait envie de pleurer, qui devait rassurer au lieu d’être rassuré, qui devait porter les autres alors qu’il aurait dû être porté. Et aujourd’hui encore, une partie de toi porte toujours ce fardeau.
Tu n’as jamais eu le luxe d’une enfance légère. Pas de récréation prolongée, pas de sécurité absolue, pas de certitude que quelqu’un serait là pour toi quoi qu’il arrive. Tu étais l’enfant qui devenait le pilier, qui prenait soin des autres, qui grandissait dans un rôle qui ne t’appartenait pas. Et cette maturité forcée a laissé en toi des cicatrices invisibles.
Tu étais le parent de ton propre parent. Celui qui consolait une mère brisée, qui calmait un père en colère, qui protégeait un frère ou une sœur comme si c’était ton enfant. Tu portais des secrets d’adultes dans un cœur trop petit pour les contenir. Et malgré tout, tu te tenais debout, parce qu’il n’y avait personne d’autre pour le faire.
On t’a félicité pour ta force, pour ton sérieux, pour ta sagesse. Mais personne n’a vu que derrière ces compliments se cachait une douleur immense. Personne n’a entendu le cri silencieux de l’enfant en toi qui voulait juste jouer, rire, se tromper sans conséquences. On t’a applaudi pour ton courage alors qu’en vérité, tu étais en train de survivre.
Et aujourd’hui encore, cet enfant vit en toi. Tu le sens chaque fois que tu as du mal à faire confiance. Tu le sens dans ta difficulté à demander de l’aide, à te reposer, à lâcher prise. Tu portes encore cette habitude d’être fort pour tout le monde, même quand tu as besoin qu’on soit fort pour toi.
Mais écoute bien : tu n’as plus besoin de porter ce poids. Tu n’as plus à être le sauveur de qui que ce soit. Tu as le droit de déposer les armes, le droit d’être vulnérable, le droit d’être soutenu. Tu n’es plus cet enfant coincé dans un rôle d’adulte, tu es un adulte qui peut enfin choisir pour lui.
Tu as le droit de rire sans raison, de pleurer sans honte, de jouer sans justification. Tu as le droit de dire non, de t’arrêter, de te reposer. Tu as le droit de donner à l’enfant en toi ce qu’on ne lui a jamais offert : la sécurité, la tendresse, la permission d’exister sans condition.
Et si tu lis ces mots avec une boule dans la gorge, c’est parce que tu sais que j’ai raison. Tu n’as pas perdu ton enfance, elle s’est juste figée dans l’attente. Cet enfant t’attend encore. Et c’est toi, aujourd’hui, qui peux enfin lui offrir ce qu’il mérite depuis toujours : ton amour, ta douceur, ton attention.
© Francis Machabée
PS : Une série d’exercices t’attend en commentaire pour libérer ton enfant intérieur.