26/10/2025
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Vous avez dit « Bobologie » !?
Dans les garages d’ambulances, il y a un mot qui revient comme un vieux chewing-gum collé sous une semelle : BOBOLOGIE.
C’est devenu le mot facile, le soupir du matin, l’étiquette qu’on colle dès que la mission n’a rien de “palpitant”.
Le patient a mal au ventre depuis 8 jours ? Bobologie!
Un cassos* qui a gobé 10 Doliprane ? Bobologie!
Un relevage ? J’ai pas fais 10ans, pardon, 5 mois d’étude pour relever mémé! Bobologie!
Une ado angoissée qui croit faire un infarctus alors qu’elle est juste victime de harcèlement scolaire ?
BOBOLOGIE !!!!!
Sauf que, derrière le mot, il y a mépris. Parce que si c’est un “bobo”, alors ce n’est pas grave, et si ce n’est pas grave, ça ne vaut pas notre temps.
Or, pour la personne qui souffre, ce n’est jamais un bobo. C’est une peur, une douleur, une inquiétude. Et c’est justement notre rôle d’ambulancier de l’accueillir sans jugement, pas de la balayer d’un haussement d’épaules.
De plus, ce mot dessert la profession. On se plaint de ne pas être reconnus, de n’être vus que comme des taxis sanitaires, mais on passe notre temps à dévaloriser les patients et les missions. Cherchez l’erreur.
Les gendarmes ne font-ils que des prises d’otages? Les pompiers ne font-ils que des incendies de centrales nucléaires? Et même, pensez-vous que les SMUR ne font que des mecs coupés en deux ?
Et nous, pendant ce temps, on se tire une b***e dans le pied avec notre ironie de comptoir, notre mépris de super-héros.
Or, ce conditionnement commence souvent avant même d’arriver sur les lieux. On parle déjà de mission de Bobologie à peine la nouvelle mission Samu tombée. Ce petit mot sacré devient un filtre mental, un “effet tunnel inversé” qui nous empêche de voir l’important. On se dit : « Ce n’est rien, ce sera vite plié. », « prend le temps de finir de manger, papy attendra ». Et bam — on passe à côté d’un infarctus discret, d’un AVC naissant, d’un début de sepsis ou d’une douleur atypique qui masque un truc balourd. Minimiser d’entrée, c’est confondre efficacité et paresse cognitive.
Comme le disait Desproges : « Que ceux qui souffrent plus de l’érosion de Venise que de la fuite dans leur salle de bain lui jettent la première pierre. »
Oh, je vous entend d’ici : « oui, mais… »
Et je suis d’accord avec vous. Mais qu’importe. Ressaisissons-nous, soyons professionnels et emphatiques et allons écouter les maux de ceux qui nous appellent à l’aide. Même si la valise est prête sur le trottoir.
Bien sûr que des abus il y en aura toujours. Mais ce n’est pas nos plaintes qui changera la donne.
Bref : la prochaine fois que vous avez envie de dire bobologie, essayez plutôt de dire “un patient inquiet, une détresse, un besoin”. Vous verrez, ça change la perspective. Et peut-être que ça nous rendra meilleur, qui sait, plus « ambulancier » que superman.
Bastien
*ne vous offusquez pas de ce mot, chers bien-pensants des réseaux, je ne fais que vous (nous) citer 😉
Ah, au fait, ce billet ne s’adresse pas qu’aux ambulanciers, c’est valable pour l’ensemble des soignants, y compris nos respectables médecins 😘
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