20/09/2015
Vous le savez pour certains, en plus d'être psychologue et tabacologue, j'accompagne des auteurs en herbe dans l'écriture de leurs romans. Je me dois de faire découvrir le blog d'Eric Galland : http://www.ecrire-un-roman.com/lettre-du-dimanche/
Sa lettre du dimanche est une mine GRATUITE d'informations thoériques et pratiques, très agréable à lire. Avec son autorisation, je vous propose de découvrir un de ces bijoux (qui parle aussi de notre projet commun). Bonne lecture !
Une question a été posée lors de la dernière session ✍ Écrire & Fasciner (il y en a eu beaucoup d’autres, toutes aussi intéressantes, mais ce n’est pas le sujet) :
« Comment retranscrire la peur ? »
Aujourd’hui, j’aimerais vous offrir une approche que vous ne trouverez pas dans les magazines de psychologie.
Oh ! non pas que je trouve l’approche de la science expérimentale inintéressante. Elle est même passionnante. Depuis quelques semaines, j’ai l’occasion de m’y replonger en profondeur, car je prépare une série de 9 ebooks sur la psychologie des personnages, en collaboration avec une psychologue clinicienne (mais… ce n’est pas non plus le sujet de cette Lettre du Dimanche, je vous en reparlerai plus t**d).
Concernant les émotions, une approche que je trouve des plus pratiques pour les auteurs est celle qui nous vient de la philosophie dite « réaliste ». Les traités sur les émotions remontent à très loin. D’ailleurs ne croyez surtout pas Wikipedia qui annonce que « L’un des premiers traités sur les émotions est dû au philosophe René Descartes » : en réalité, Descartes ne fait que remanier des idées scolastiques qui ont été déjà définies des siècles avant, avec bien plus de pertinence. Mais j’arrête là ma petite diatribe historique (décidément aujourd’hui, je digresse).
L’avantage de cette approche réaliste est d’être exhaustive et définitive, contrairement aux approches scientifiques expérimentales actuelles, qui ont une démarche par approximations : en langage technique, on appelle ça le mode « hypothético-déductif » ; essayez de le replacer dans un dîner, ça fait très savant… (bon, ça suffit avec ces apartés !)
Entrons dans le vif du sujet
Pour distinguer les émotions, on ne se base pas sur les effets corporels ou psychologiques, mais sur ce qui provoque les émotions, c’est-à-dire sur leur objet.
OK, dit comme ça, c’est encore un peu abstrait, pas vrai Magali ?
Et surtout, en quoi ça peut servir à l’auteur ?
L’objet de l’émotion sert tout simplement à savoir où appuyer pour générer l’émotion recherchée.
Prenons le cas de la peur pour répondre à la question du début.
La peur
Selon l’approche réaliste, la peur est générée par un mal à venir difficile à éviter.
Voyons chaque terme pour mieux le comprendre :
un mal : le bien ne fait pas peur. Si quelqu’un a peur d’un certain bien, c’est qu’il le voit comme un mal. Cela vous semble évident ? Tant mieux. C’est un levier important pour pouvoir retranscrire la peur, comme on va le voir.
À venir : oui, si le mal est présent, on n’est plus dans l’angoisse, on vit une certaine tristesse (cette définition de la tristesse est très large, vous pouvez y trouver le dégoût, la dépression, etc.).
Difficile à éviter : un mal facile à éviter ne fait pas peur… Là aussi c’est évident, mais c’est aussi intéressant de bien distinguer ce levier dans l’application.
Voici une application :
Imaginez que votre personnage soit un charcutier.
Vous voulez qu’il ait peur.
Trouvons d’abord l’objet : de quoi a-t-il peur ?
— d’un client ?
— d’une coupure ?
— d’une rupture de couple ?
— de la perte du savon de cuisine ?
— d’un phénomène étrange ?
Évidemment, tout dépend du contexte, de vos besoins pour l’intrigue, etc. Mais pour créer et renforcer la peur, la démarche sera la même.
Vous prenez l’objet de votre choix et vous vérifiez les trois points.
Le mal est-il évident ? Sinon comment le renforcer ? Par exemple, la perte du savon de cuisine ne semble pas un mal. Sauf si, par exemple, il attend une visite sanitaire.
Même chose pour le caractère « à venir ». Pour en avoir peur, il faut donc que l’objet ne soit pas présent, mais qu’il soit annoncé. Par exemple, une célèbre mafieuse annonce par téléphone qu’elle vient faire ses emplettes.
Enfin, il faut être sûr que ce soit difficile à éviter : s’il a encore du savon en stock, la perte du premier n’est pas importante, il suffit de descendre en chercher ; et si le charcutier est en réalité un superhéros, il n’aura pas peur de la venue des clients mafieux…
Comme vous voyez, il est souvent utile de prendre du recul, d’approfondir ses connaissances pour discerner les leviers qui améliorent vos personnages et vos intrigues.
Alors, soyez studieux ! Apprenez toujours plus !
Au boulot ! :)
Éric
Inscrivez-vous à la Lettre du Dimanche : Elle est gratuite ! Recevez des Guides de Bienvenue Recevez dans votre boîte email des articles exclusifs et de qualité Votre email est respecté . Des cadeaux, astuces, conseils… et plus ! Progressez dans votre écriture Des milliers d’abonnés me font dé…