07/06/2025
Lettre ouverte à Monsieur le Maire de Villefranche-de-Rouergue :
Notre Histoire vaut mieux que votre parking
Ce samedi matin, notre groupe avait rendez-vous devant la Collégiale de Villefranche-de-Rouergue pour participer à une visite-conférence historique concernant l’insurrection populaire dite des « Croquants » de 1643.
Accompagnés par notre guide, nous progressions à travers les rues de la bastide royale, à la découverte des évènements et des lieux où se sont déroulés ce qui constitue un des grands moments de l’Histoire de note ville bien sûr, mais aussi de la Région et de notre pays.
Qui n’a pas entendu parler de Jean Petit, ce chirurgien villefranchois, placé à la tête de ce soulèvement populaire du Rouergue au prix de sa vie et mourant supplicié ?
Nous sommes alors arrivés sur les lieux même où se situait sa demeure avant que, par jugement du 3 octobre 1643, Jean Petit ne soit condamné à mort et sa maison rasée.
Le lieu, baptisé depuis 1983 « Place Jean Petit » ; est également signalé et documenté par une plaque d’information historique apposée au mur, intitulée : « La révolte des Croquants ».
Ce lieu de destruction de la maison familiale de Jean Petit a constitué, dès cette époque, un enjeu mémoriel et symbolique. Une « pyramide de l’infamie » en pierre, édifiée peu après à cet endroit, par les auteurs de la répression, sera rapidement détruite par les croquants. Pourtant situé au cœur de la bastide, ce lieu fut aussi préservé et jamais reconstruit.
Quelle n’a pas été notre surprise, notre malaise et notre indignation de constater que ce lieu de mémoire avait été transformé en parking occupé en totalité par deux véhicules de la police municipale.
Ce lieu serait-t-il devenu, par l’érosion du temps et surtout aux yeux de nos responsables municipaux un endroit comme un autre ?
Serait-il aujourd’hui de bonne politique que de promouvoir l’oubli de l’histoire et l’absence de respect pour notre mémoire ?
N’y a-t-il rien de mieux à faire que de gommer des repères culturels et émotionnels au lieu d’en transmettre l’héritage aux jeunes générations ?
Serait-ce encore que la place Jean Petit ne constituerait pas un lieu de mémoire suffisamment significatif pour justifier le respect ?
Pourtant la dimension historique de Jean Petit, et avec lui de cette « Commune Croquande », véritable répétition générale occitane de la Révolution de 1789, n’appelle aucun doute. Ce personnage figure d’ailleurs en bonne place parmi les villefranchois illustres mis à l’honneur, y compris sur le site internet de la mairie.
Alors sans doute, faut-il rappeler l’importance que l’on doit accorder, non seulement à l’Histoire et à sa transmission, mais aussi, et tout autant, aux lieux de mémoire eux-mêmes. Ils sont les références des évènements exceptionnels de notre passé, de notre mémoire collective et donc de nous-même.
Nous attendons de notre municipalité qu’elle s’emploie - c’est bien son rôle - à entretenir et à valoriser notre patrimoine historique et mémoriel commun, à pratiquer le respect de notre histoire et des acteurs de celle-ci, au lieu de les mépriser de cette façon choquante.
Alors, Monsieur le Maire, s’il vous plait, retirez vos véhicules de police, et respectez ces lieux, la mémoire de Jean Petit, des Croquants et notre Histoire.
Bruno Giuliani, un Villefranchois, le 7 juin 2025
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