18/09/2025
Je vous partage l article d Anthony Berthou, mon formateur en nutrition et Micronutrition.
Il faut toujours essayer d’avoir une vision globale, et ce n’est pas toujours aussi simple. J’espère que cet article vous donnera quelques clés de compréhension.
Le plus important est de se tourner vers une alimentation la moins traitée possible et soutenir vos agriculteurs locaux en biodynamie.
Qu'en est-il de ce fameux chocolat bio ?
L'enquête d'UFC - Que Choisir mentionne des teneurs particulièrement inquiétantes dans les chocolats bio. 20 g de chocolat bio Ethiquable 70 % du Pérou contient par exemple 87 % du niveau maximal d'exposition quotidienne recommandée en cadmium pour un enfant, et 35 % pour un adulte. La dose hebdomadaire tolérable (DHT) fixée par l’EFSA est de 2,5 µg/kg de poids corporel/semaine, soit environ 0,36 µg/kg/jour. L'ANSES estime que ce seuil est dépassé chez "seulement" 0,6 % des adultes et 15 % des enfants, mais les apports s'avèrent malheureusement bien supérieurs chez certaines personnes.
Mais pourquoi du chocolat riche en cacao, qui plus est d'origine biologique, se retrouve-t-il alors ainsi sur le banc des accusés ? Pour deux raisons principales.
La première est mathématique : plus un chocolat est riche en cacao, plus il contient du cadmium car ce dernier est issu des fèves de cacao.
La seconde raison est géographique : le cacao utilisé dans les chocolats issus de l’agriculture biologique provient souvent d'Amérique du Sud, à l'image du Pérou, de l'Équateur, ou encore de la Colombie. Or les sols de cette zone géographique sont naturellement plus riches en cadmium comparativement à d'autres pays ayant davantage recours à l'agriculture conventionnelle, comme la Côte d'Ivoire.
Il est toutefois important de noter que, selon la région, les teneurs peuvent fortement varier au sein d'un même pays, à l’image de la noix du Brésil dont la teneur en sélénium diffère selon les zones géographiques. On ne peut donc pas incriminer un pays en particulier.
Ne nous trompons pas de sujet
Si vous êtes amateur d'un bon carré de chocolat, inutile de vous déclencher des sueurs froides à la lecture de ces quelques lignes... Je ne suis pour autant malheureusement pas en train de vous dire que la situation est idéale : la problématique du cadmium est réelle, mais plus globale.
Même si le cacao est un vecteur significatif de cadmium, en France, les principales sources alimentaires identifiées par l'étude ESTEBAN demeurent les produits céréaliers, les pommes de terre et les légumes issus de l'agriculture conventionnelle. Pourquoi ? À cause de l'usage des engrais phosphatés.
Les zones d'extraction du phosphore à partir des phosphorites sédimentaires, essentiellement situées en Afrique du Nord (Maroc), et dans une moindre mesure au Moyen-Orient (Jordanie, Syrie, Arabie Saoudite) et au sud-est des États-Unis sont naturellement très riches en cadmium. En pulvérisant ces engrais, les sols français voient donc leur teneur en cadmium... s'enrichir.
Autre argument en faveur d'une limitation de l'agriculture conventionnelle : l'usage des engrais azotés, la déforestation et le lessivage des sols favorisent l'acidité des sols, à l'origine d'un transfert plus important du cadmium dans les végétaux.
La solution relève encore du bon sens
« L'affaire du cadmium » nous ramène encore et toujours à ce fameux conseil de bon sens : la solution réside dans une approche systémique des enjeux. En privilégiant des aliments issus d'une agriculture régénératrice limitant l'usage d'intrants chimiques, nous sommes plus efficaces sur la santé de nos enfants qu'en leur interdisant de manger un carré de chocolat noir bio.
Si vos enfants (et/ou vous-même, en tant que grand enfant) aimez le chocolat, l'idéal est de privilégier une marque équitable utilisant des fèves d'origine biologique importées d'Afrique de l'Ouest ou d'Asie du Sud-Est. Mais, surtout, je vous recommande d'éviter les aliments ultra-transformés riches en chocolat issus de l'agriculture intensive cumulant les facteurs favorisant l'augmentation de la teneur en cadmium dans les sols (engrais phosphatés et azotés, déforestation, lessivage des sols, etc.).