05/12/2025
Quand Cassandre me demande de lui raconter sa naissance, il y a ce que j'accepte de lui dire et puis il y a tout le reste...
Aujourd'hui, je vais vous parler de mon expérience personnelle concernant les interventions médicales en cascade lors de la naissance.
Pour contextualiser un peu, Cassandre est née à terme après une grossesse "assez classique", si ce n'est deux alertes pour menace d'accouchement prématuré à 28 semaines et 32 semaines. Elle allait très bien, mais moi un peu moins. Ça c'est une autre partie de notre histoire.
une semaine avant terme, un soir vers 22h, je perds les eaux. Les eaux étant teintées de méconium, nous nous rendons dans les deux heures qui suivent à la maternité. Les contractions se mettent en place rapidement. Elles sont régulières. Nous arrivons à la maternité, le col ouvert à 2cm, on me garde et je monte en chambre suite de couches pour commencer le travail.
Pour ce premier accouchement, mon projet de naissance était de vivre mon accouchement le plus sereinement possible et avec le moins d'interventions médicales possibles. Ma hantise était de finir en césarienne. Je voulais tenir le plus longtemps possible sans péridurale. Si ce n' est une préparation classique à l'accouchement et de l'haptonomie, je n'avais rien fait de plus.
J'ai un ballon, un lit, une salle de bain et la première chose que je souhaite faire, c'est de me laver les cheveux car je n'ai pas eu le temps avant. Je finis de me sécher les cheveux en devant m'asseoir entre chaque contraction. Je sens que le travail est actif. Puis, je passe dans la chambre sur un ballon. Je me balance sur chaque contraction appuyé contre le lit. Mon conjoint est allongé sur le lit et regarde son téléphone. Lorsqu'une contraction arrive, je lui intime de se taire avec un chut agressif. Je finis deux fois la tête dans la bassine pour vomir. Il est 4h du matin et je n'arrive plus à gérer mes contractions. Je suis dilaté à 5. Je demande la péridurale.
On descend en salle de naissance. On me l'a pose sans difficulté et avec douceur. Je suis complètement soulagée. Les contractions se sont arrêtées. Une sage femme passe, m'osculte et sans m'expliquer son geste commence à me masser le col pour l'assouplir et relancer les contractions, premier acte effectué sans mon consentement.
Nous dormons 2 ou 3h jusqu'à la relève des sages-femmes.
Les contractions s'arrêtent pendant 5h puis la sage femme me mobilise, côté droite, côté gauche, 4 pattes avec coussin pour me soutenir. Entre temps, elle me glisse sans raisons que j'ai de la chance d'avoir le Dr M. Pour Gynécologue car le Dr C qui est de garde est beaucoup moins patient et lui aurait fait en sorte d'accélérer le travail. Bébé va bien, je vais bien, je ne comprends pas sur le moment mais par la suite je me suis remémoré cette menace déguisée d'interventionisme médicale, maladroit et anxiogène. Sans demande de ma part et sans explications, on me remet de la péridurale et aussi de l'ocytocine de synthèse pour accélérer le travail. Je précise à la sage femme que je n'ai pas de douleurs et elle me rétorque qu'elle ne veut surtout pas que j'ai mal.
Vers 13h, je suis à dilatation complète. On fait un essai de poussée dirigée qui fonctionne bien. Bébé descend bien. Et là, on me dit qu'on va prévenir mon gynéco et attendre son arrivée. Je sens que j'ai très envie de pousser mais en bon élève j'attends. Le gynéco arrive 40 min plus t**d et mon envie de pousser à disparue. S'ensuit 30 minute de poussée en position gynéco, avec des encouragements digne d un match de foot de la part de l équipe médicale mais mon bébé remonte systématiquement. Et oui, quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure! Pas de proposition de changement de position, on sort directement les instruments et on tire. On m'informe et c'est tout. Heureusement pour moi, pas d'episiotomie, juste une petite déchirure et 5 points. J'avais tout de même préparer mon périnée avec des massages sur le dernier mois. Je pousse une dernière, le gynéco tire très fort le crâne de mon bébé et elle sort. Pouf, on clampe, on tend les ciseaux à Monsieur et ni une, ni deux, bébé est séparé de son cordon. J'ai eu le droit à 10 min de peau à peau avant que mon bébé ne soit emmené pour les premiers soins. Je dis à son père d'y aller et de ne pas la lâcher. Elle braille dans la salle d'à côté et je reconnaissais immédiatement ses pleurs, cela me rassure.
Voilà un récit factuel d'une naissance banale en France, avec une cascade d'interventions médicales non sollicitées et non nécessaires. Entre les premières contractions actives et la naissance, il s'est passé 12h. 12h pour une première naissance, dont 5h sans contractions suite à la pose de la péridurale. On a accéléré mon travail, on ne m'a pas expliqué les gestes pratiqués et à aucun moment on a sollicité mon consentement...
C'est banal. Pour autant, ce n' est pas une naissance respectée.