11/05/2020
Travailler chez soi, un défi organisationnel.
par Dr Thierry JG SALMON
Lundi 13 avril, lundi de Pâques, le Président de la République Monsieur
Emmanuel MACRON, à 20h02, pour laisser le temps aux Français d’applaudir depuis leurs fenêtres et balcons les soignants, annonçait à la Nation, que le confinement pour contenir et juguler la pandémie de Covid-19 se poursuivra encore pendant un mois, et prendra fin de façon progressive à partir du lundi 11 mai.
Cette annonce, sans être une vraie surprise, vient reposer la question du travail pour les entreprises qu’on peut classer dans trois catégories :
• celles qui ne pourront pas reprendre leur activité (entreprises culturelles, restauration gastronomique et hôtellerie),
• celles qui, dès le lendemain, en ayant pris les mesures barrières, ont pu reprendre leur activité,
• et celles qui s’étaient déjà organisées en télétravail, permettant aux salariés de poursuivre, depuis leur habitation, une certaine activité. Le télétravail, comme tout travail avec une très grande autonomie, demande
une forte organisation personnelle. Toutefois avec le confinement Covid-19, il s’avère très souvent plus difficile à mener car il y a plus de contraintes et de pressions qui s’exercent sur les dirigeants, les managers, les salariés, qui ont des enfants, un conjoint, et pour ceux ou celles qui sont seuls et qui ressentent le sentiment de solitude.
Le télétravail en trois dimensions : le temps, l’espace
et la motivation.
Dans la théorie de la relativité restreinte (le temps ne s’écoule pas de la même manière, en fonction de la force gravitationnelle qui s’exerce) : plus la force gravitationnelle est forte et plus le temps s’écoule rapidement.
Dans le cadre du télétravail avec confinement, la surface de
l’espace à disposition et la densité humaine (enfants, conjoint) vont exercer une force « gravitationnelle » qui va modifier le temps : plus ll’espace est dense et plus le temps s’écoule rapidement, dans lequel
l’individu aura moins de temps psychologique pour lui-même.
C’est là qu’intervient la question de l’organisation à la fois de l’espace et du temps.
L’espace de travail. Doit-on raisonner en terme d’espace réservé ou ouvert ? À cette question, les études sur la concentration intellectuelle montrent qu’elle dépend de notre capacité à utiliser le bruit, les bruits pour nous isoler ou pas.
Le temps de travail. Également, doit-on raisonner en termes d’heures réalisées ou en termes de tâches et d’objectifs ? Ici la théorie de la gestion du temps nous indique qu’il est toujours plus efficace de placer dans l’agenda et de commencer en premier par les « gros cailloux »,
que les plus petits trouveront toujours une place, également que la ritualisation et la structuration du temps sont indispensables pour ne pas sombrer dans l’épuisement.
La motivation. Se pose aussi la question de la motivation : comment motiver ? se motiver ? rester motiver ?, lorsqu’on ne voit plus que par son écran d’ordinateur chacun de ses collaborateurs ou son chef. L’action du manager dépendra de la nature de la motivation en jeu pour chacun : certains ont une motivation intrinsèque, c’est-à-dire centrée sur l’action portée par l’individu, une forme de capacité à s’automotiver, d’autres extrinsèque portée par les récompenses…
Pour répondre complètement à la question de la motivation, il faut revenir sur la question du temps, le sien et celui social, avec les autres, d’où la nécessité de la resynchronisation régulière pour garder le sentiment de faire partie d’un groupe, d’une équipe, d’une entreprise.
Un autre aspect du confinement Covid-19, c’est l’angoisse de mort pour soi et pour les siens que ce virus peut générer avec un sentiment d’impuissance et de résignation qui risque de démobiliser et déconcentrer, entamant la motivation.
Par ailleurs, la promiscuité subie par les professionnels qui doivent partager un espace clos 24h sur 24, repose la question du contrôle de ses émotions négatives, de sa manière d’écouter et de parler à l’autre, et plus encore de se parler de façon positive. Face à ces contraintes, certains éprouveront à juste titre un besoin de conseils ou de soutien psychologique que le manager devra prendre en compte.
Malgré tout, ce confinement qui se prolonge pour quelques semaines encore, peut-être pour nous tous un formidable laboratoire de réflexions sur soi, sur le sens à donner à sa vie, à son entreprise.
Dr Thierry JG SALMON
Dirigeant de SALMON-CARE Investissement
Conseil en performance d’entreprise
t.salmon@salmon-care.com
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