22/11/2025
La méditation est un exercice de courage. Plutôt que d'essayer de me distraire de mes difficultés, de chercher à noyer mon chagrin, je vais amener un rayon d'attention sur ce qui me traverse en étant juste présent à ce que je vis, comme je le vis. Je vais reconnaître ce qui m'arrive.
Qu'est-il, mon chagrin ? Pour l'instant, j'en fais l'épreuve et c'est difficile. En l'examinant avec un microscope, je vais découvrir que j'ai tendance à m'identifier à ce chagrin, à penser que « je vais mal ». Pourtant, je ne suis pas ce chagrin ! Je vais comprendre que le ciel peut être gris aujourd'hui, mais qu'il n'est pas gris par nature : il est parfois bleu, parfois blanc, parfois gris clair, ou même gris sombre sans que ce soit la fin du monde. Ce gris, ce chagrin, n'est qu'un état transitoire comme tous les états ; je peux juste me relier à lui, mais je ne suis ni ce gris ni mon chagrin. En prendre conscience est un immense soulagement.
Au lieu de chercher à éviter ce qui est inconfortable, ouvrons-nous à ce qui est, comme c'est, moment après moment. C'est une perspective à la fois très ordinaire et très révolutionnaire.
Je rencontre beaucoup trop de personnes terrorisées à l'idée de ressentir des émotions désagréables. L'un de mes amis s'étourdissait pour ne pas penser à la maladie de sa mère, qui le chagrinait. Il était en colère à la seule idée de reconnaître qu'il avait du chagrin pour sa maman ! Pourtant, ce chagrin l'honorait. Il avait du chagrin parce qu'il aimait sa mère. Toucher ce chagrin , idée qui lui était insoutenable fut pourtant la seule chose qui put l'apaiser. Je l'ai aidé à entrer en rapport avec son chagrin, avec son inquiétude, qui sont un visage de l'amour. Cela ne l'a pas englouti. Au contraire, il en a tiré une force formidable.
Tu as du chagrin, ne te détourne pas de lui. Regarde-le, entre en rapport avec lui. N'essaie pas de faire semblant qu'il n'existe pas, que tu ne le ressens pas. Ton chagrin a des choses à te dire, pourquoi refuses-tu de les écouter ? Si tu t'entêtes à le fuir, il reviendra encore plus fort. Si tu cours pour lui échapper, il courra plus vite que toi.
Extrait de "50 méditations pour être heureux" de Fabrice Midal