20/11/2015
Voici le portrait de Steve, une personne pour laquelle nous sommes intervenus pour aménager le poste de travail et dispenser une formation.
Une réussite à laquelle nous sommes fière d’avoir contribué.
Forbach : une autre vision de la vie pour Steve Pfeffer
Steve Pfeffer souffre de rétinite pigmentaire, une maladie "évolutive" pouvant mener à la cécité.
Il a fini par l’accepter et s’adapter à ce handicap qui a changé sa vie.
"le républicain lorrain" 20/11/2015
Steve Pfeffer est atteint de rétinite pigmentaire. Une maladie qui lui fait perdre la vue progressivement, mais avec laquelle il a
appris à vivre.
Si vous appelez l’antenne de Forbach de Pyramide est, et plus particulièrement Cap Emploi, il y a de fortes chances que vous entendiez la douce voix de Steve Pfeffer.
Un jeune forbachois qui en impose par sa joie de vivre, sa force de caractère. Des qualités qui lui ont permis d’accepter, puis de gérer
son handicap.
Steve souffre de rétinite pigmentaire, une maladie génétique dégénérative de l’œil qui se caractérise par une perte progressive de la vision, allant jusqu’à la cécité.
Un handicap avec lequel il compose depuis des années, mais qui ne dirige plus sa vie, même si le chemin a été long.
Une maladie
Cette pathologie semble s’être déclenchée chez lui à l’âge de huit ans, sans doute suite à un choc émotionnel, le décès de son père.
Les années passent et s’il constate que sa vision baisse, doucement, nul ne sait alors mettre un mot sur ce mal qui l’affecte, insidieusement.
Il poursuit sa vie, ses études, parle peu de son "problème". « Je me suis toujours débrouillé…
En 2003, un professeur de Strasbourg posera enfin le diagnostic. Mais il poursuit sa vie normalement.
Steve était sportif, passionné de vélo, mais « un jour, j’ai renversé quelqu’un… » Steve est encore aujourd’hui marqué par cet événement, il a dû se rendre à l’évidence. Cette déficience visuelle qui ne fait que s’aggraver ne lui permet plus de vivre sa vie comme avant. Il tombe en dépression. « Je me demandais ce que j’allais devenir… ».
Via la maison départementale des personnes handicapées, il intègre le centre de réadaptation de Mulhouse. Mais n’en garde pas un très bon souvenir…
Puis il rejoint le centre Valentin-Haüy, à Paris. « Ça m’a beaucoup apporté. Ça a changé ma vie. » L’apprentissage du braille, l’utilisation de la canne devenue indispensable pour lui, ainsi que des formations.
Une joie de vivre communicative
Petit à petit, Steve a repris le contrôle de sa vie. En 2013, il a trouvé un emploi via Pyramide est, pour assurer le standard de l’agence basée à Forbach.
Le poste a été adapté, avec l’acquisition d’un clavier en braille, l’installation de synthèse vocale sur son ordinateur, avec laquelle il joue de façon déconcertante…
Ce qui frappe quand on le rencontre, c’est surtout cette joie de vivre communicative. « C’est quelqu’un qui a beaucoup d’humour et qui fait facilement preuve d’autodérision », témoigne l’une de ses collègues. Ce qui laisse tout le monde pantois.
Steve est aussi un charmeur (et un cœur à prendre).
Lorsqu’on lui laisse un petit mot sur son bureau, il fait appel à ses collègues en lançant : « Tu peux me prêter tes jolis yeux ? » Impossible de ne pas craquer. L’équipe en oublie son handicap, et c’est ce qu’il apprécie. Car au quotidien, il subit le regard des autres. « Autrefois, j’y faisais attention.
Ceux qui me connaissaient avant que j’utilise une canne se comportent différemment depuis. » Parfois, les gens l’évitent ou se taisent lorsqu’il passe…
« Je n’avais pas ce souci à Paris. C’est vraiment une autre mentalité. » Mais cela ne le blesse plus.
Steve se tourne aujourd’hui vers l’avenir. Outre sa nouvelle passion, la musique, il ambitionne de reprendre ses études pour devenir kinésithérapeute. Et si ce handicap a changé sa vie, il lui a donné une autre vision des choses.
Michel LEVILLAIN.