23/10/2025
*Haïti face à sa mémoire : la GLODARU célèbre des funérailles symboliques pour Dessalines et appelle à solder une “dette karmique”*
Port-au-Prince, 17 octobre 2025 – Tchaka Ayiti News
Deux cent dix-neuf ans après l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, la Grande Loge d’Ayiti des Rites Unis (GLODARU) a organisé, dans son local de Delmas 33, une cérémonie peu ordinaire : des Funérailles Nationales Symboliques en mémoire du père fondateur de la nation et des martyrs de la Révolution de 1804.
L’événement, tenu ce vendredi 17 octobre, jour anniversaire de la mort de Dessalines, a réuni des représentants de divers secteurs religieux et spirituels : catholiques, protestants, vodouyizan, francs-maçons, ainsi que des personnalités issues de la société civile et du monde académique.
*Un hommage au-delà du deuil*
L’atmosphère solennelle qui régnait dans le temple maçonnique contrastait avec le silence des autorités d’État, souvent absentes lors des commémorations officielles.
Pour la GLODARU, il ne s’agissait pas seulement d’un hommage posthume, mais d’un acte de réconciliation nationale et spirituelle.
« Ce n’est pas un deuil, mais un rituel de guérison », a déclaré le Souverain Grand Maître Yves Charles, qui a présidé la cérémonie.
Selon lui, ces funérailles symboliques visent à “payer une dette karmique de plus de deux cents ans”, héritée de la trahison et de la division qui ont suivi l’assassinat de l’Empereur.
*Solder une dette historique et morale*
L’expression “dette karmique” a suscité curiosité et réflexion parmi les participants. Dans la tradition spirituelle et ésotérique, le karma désigne les conséquences accumulées d’actes passés.
Pour les organisateurs, cette dette symbolise le poids de la faute collective née du meurtre du fondateur de l’État haïtien, jamais réparée par un véritable acte de réconciliation.
“Depuis 1806, nous vivons sous le poids d’un déséquilibre spirituel.
Tant que nous ne réhabilitons pas Dessalines dans la mémoire vivante du peuple, Haïti ne trouvera pas la paix intérieure”,
a confié un dignitaire maçon présent à la cérémonie.
*Un rite œcuménique pour l’unité*
Dans un esprit laïc et œcuménique, la cérémonie a mêlé chants, symboles vodou, prières chrétiennes et gestes maçonniques, traduisant la diversité spirituelle du pays.
Les orateurs ont insisté sur la nécessité d’unir les Haïtiens autour de leurs ancêtres libérateurs, au-delà des clivages religieux et politiques.
« Nous avons trop longtemps laissé les divisions profaner l’héritage de Dessalines. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de religion, mais de conscience », a lancé une représentante du secteur vodouyizan, saluée par les applaudissements de l’assistance.
Le message central de la GLODARU se voulait clair : Haïti doit se réconcilier avec son passé pour espérer son avenir.
*Un geste hautement symbolique*
En organisant ces funérailles, la GLODARU a voulu réinscrire Dessalines dans la mémoire active de la nation, non pas comme un héros lointain, mais comme une force spirituelle vivante.
Ce rituel, selon ses initiateurs, vise à rétablir “l’équilibre vibratoire” d’un pays fondé sur la liberté mais miné par la discorde.
Au-delà de la symbolique maçonnique, de nombreux observateurs y voient un appel collectif à la guérison nationale.
« Dessalines ne nous demande pas des fleurs, mais la fidélité à son idéal », a déclaré un participant, ému, à la sortie du temple.
*Une invitation à repenser la mémoire nationale*
En clôturant la cérémonie, le Souverain Grand Maître Yves Charles a lancé un message d’unité :
“La réconciliation spirituelle est la condition première pour qu’Haïti retrouve sa force et sa mission.
En honorant Dessalines, c’est Haïti elle-même que nous décidons de sauver.”
Ce 17 octobre 2025, la GLODARU n’a pas simplement honoré un héros tombé ; elle a posé un geste symbolique fort : réparer l’âme d’un pays en quête d’unité.
Et peut-être, pour la première fois depuis deux siècles, Haïti a commencé à solder sa dette envers celui qui lui avait donné la liberté.
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