28/12/2021
*L'ARTHRITE RHUMATOÏDE OU La polyarthrite rhumatoïde*
est la plus fréquente des diverses formes de Rhumatismes inflammatoires chroniques regroupées sous l’appellation *arthrites chroniques* . Elle fait partie de ce que l’on appelle les maladies auto-immunes, maladies où l’immunité agresse le propre corps de la personne atteinte. C’est aussi une maladie de système n’atteignant pas toujours uniquement les articulations, mais aussi parfois d’autres zones du corps.
Elle entraîne une inflammation de plusieurs articulations à la fois, qui gonflent, deviennent douloureuses et sont limitées dans leur amplitude de mouvement. Sans traitement, ces articulations ont tendance à se déformer progressivement au fil du temps. La polyarthrite rhumatoïde touche le plus souvent les mains, les poignets, les genoux et les petites articulations des pieds. Avec le temps, et parfois dès le début de la maladie, les épaules, les coudes, la nuque, les mâchoires, les hanches et les chevilles peuvent également être touchés.
L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde est difficilement prévisible. Dans bien des cas, elle évolue par poussées, entrecoupée de périodes où les symptômes s’atténuent, voire disparaissent temporairement. En règle générale, la maladie tend à s’aggraver, à atteindre et endommager de plus en plus d’articulations. Si elle n’est pas correctement traitée, la polyarthrite peut devenir très invalidante dans 20 % des cas. Pourtant, chez 10 à 15 % des personnes atteintes récemment, la maladie peut cesser pour toujours ou pour de très longues années, spontanément, et davantage avec les traitements récents. Et il existe des polyarthrites rhumatoïdes d’évolution relativement bénigne.
Prévalence
La polyarthrite rhumatoïde touche 0,25% de la population générale, et les femmes trois fois plus souvent que les hommes. C’est le plus fréquent des Rhumatismes inflammatoires chroniques. Bien que la maladie puisse apparaître à n'importe quel âge, les premiers symptômes surviennent en général vers 40 ans à 60 ans.
*CAUSES*👇
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune : le système immunitaire s'attaque à la membrane synoviale des articulations, notamment en produisant des anticorps appelés auto-anticorps. La membrane synoviale tapisse l’intérieur de nos articulations et elle a pour rôle de fabriquer un liquide, le liquide synovial permettant la lubrification des mouvements. Quand elle est agressée par l’auto immunité, cette membrane s’épaissit, fabrique trop de liquide qui contient des enzymes inflammatoires anormales, susceptibles d’agresser toute l’articulation, les cartilages, les tendons et l’os.
La maladie se déclenche probablement à cause d'un ensemble de facteurs génétiques, biologiques et environnementaux, en particulier le Tabagisme.
Ces dernières années, les progrès effectués en génétique ont permis de détecter plus de 30 facteurs génétiques impliqués dans l’apparition de la polyarthrite. Seule l’implication de certains gènes, comme le HLA-DRB1 et le PTPN22, est cependant clairement démontrée. La polyarthrite n’est toutefois pas une maladie purement génétique. On estime que le poids de la génétique dans le déclenchement de la polyarthrite est inférieur à 30 %.
*L’inflammation en cause*
Les symptômes de la polyarthrite sont dus à une réaction auto immune déclenchant une inflammation anormale au sein de l’articulation. L’inflammation touche d’abord la membrane synoviale, cette membrane entourant les articulations. Cette membrane s’épaissit, puis laisse suinter du liquide et certains éléments du sang dans l’articulation, ce qui explique le gonflement articulaire. Ensuite, progressivement, dans les polyarthrites agressives, l’inflammation endommage l’articulation, le cartilage, la capsule, les tendons, les ligaments, les muscles et l'os, érodant l’os et abimant de plus en plus l’articulation.
*Évolution* 👇
L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde est très variable d’une personne à l’autre. Dans la majorité des cas, la maladie s’installe, de manière graduelle, par poussées sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. Les symptômes peuvent aussi survenir soudainement. Les poussées de la maladie sont intercalées de périodes d’amélioration plus ou moins longues, allant de quelques semaines à quelques années.
Chez 10 à 15 % des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde depuis moins de 3 à 6 mois, la maladie s’éteint d’elle-même, de façon définitive ou, du moins, pour une période très prolongée (plusieurs mois ou années). Cependant, malgré cette apparente guérison, une nouvelle poussée peut survenir.
En règle générale, la maladie a tendance à s’aggraver et à toucher de plus en plus d’articulations. *Certaines formes de polyarthrite sont très agressives, car elles touchent aussi des organes comme le coeur, les poumons, les vaisseaux ou les reins et peuvent mettre la vie en danger.* D’autres peuvent entraîner des destructions articulaires très rapides, surtout au cours des 2 premières années (environ 10 % à 20 % des polyarthrites). À l’inverse, il existe des formes bénignes causant peu de douleurs et aucune déformation articulaire, même après plusieurs années. Si elles ne sont pas traitées, on considère toutefois que plus de la moitié des personnes atteintes présenteront un handicap fonctionnel important au bout de 10 ans. Cela obligeant souvent l’arrêt des activités professionnelles.
*DIAGNOSTIC* 👇
Il est important d’obtenir un diagnostic précoce de la maladie pour pouvoir bénéficier rapidement d’un traitement efficace.
Aucun signe spécifique ne permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agit d’une polyarthrite rhumatoïde. Il faut donc tenir compte des signes décrits par la personne malade, en particulier de la présence de plusieurs gonflements articulaires, des douleurs, et de leur localisation, ainsi que de la fatigue.
Il existe aussi des examens passant par une analyse de santé qui peut donner des indices sur le risque de polyarthrite et témoigner d’une inflammation comme:
l'élévation de la vitesse de sédimentation,
augmentation de la protéine *C* réactive,
augmentation des auto anticorps (facteurs rhumatoïdes et/ou anticorps anti-protéines citrullinées)
La présence du facteur rhumatoïde dans le sang d’une personne ne signifie pas qu’elle souffre forcément d’arthrite rhumatoïde. Cet anticorps est présent chez certaines personnes en bonne santé et se retrouve aussi dans d’autres maladies.
Devant une suspicion de polyarthrite rhumatoïde, le bilan médical comprend aussi des radiographies des mains, des pieds et des autres articulations inflammatoires permettant de voir des signes typiques dès le début de la maladie. Des échographies articulaires ou des IRM articulaires peuvent aussi être demandées par le médecin.
Complications
Une déformation des articulations peut apparaître avec le temps. Par exemple, on dit des doigts qu’ils se déforment en col de cygne ou en boutonnière et les orteils, en marteau. Lorsqu’elle n’est pas traitée adéquatement, la maladie peut donc entraîner une perte de la dextérité. De simples gestes, comme tourner une poignée de porte ou tenir un crayon, deviennent alors laborieux. Dans de rares cas, la maladie devient si invalidante qu’elle oblige à se déplacer en fauteuil roulant.
La polyarthrite rhumatoïde se complique aussi souvent d’atteintes en dehors des articulations.
- Une sécheresse au niveau des yeux et de la bouche (syndrome de Gougerot-Sjögren),
- des nodules rhumatoïdes, boules situées sous la peau souvent au niveau des coudes ou près des articulations des doigts,
- des atteintes des poumons,
- des atteintes des yeux,
- des atteintes du cœur ou des vaisseaux,
- des atteintes des nerfs.
- des problèmes infectieux.
Heureusement, des traitements appropriés, adoptés dès les premiers stades de la maladie, permettent de limiter l’invalidité et la destruction des articulations. De plus, en adoptant un mode de vie qui leur permet d’atténuer les douleurs, la majorité des personnes atteintes parviennent à avoir une bonne qualité de vie.
Lorsqu’elle est mal contrôlée, la polyarthrite peut réduire l’espérance de vie de 5 à 10 ans. En effet, un état d’inflammation chronique augmente le risque de troubles cardiovasculaires, par exemple les crises cardiaques, de façon similaire à une élévation du taux de cholestérol ou à la présence de diabète.
Les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde (rhumatisme, arthrite)
Symptômes initiaux
Des douleurs (ou une sensibilité) aux articulations atteintes. Les douleurs sont plus fortes la nuit et au petit matin, ou après une période de repos prolongé. Elles occasionnent souvent un réveil nocturne en deuxième partie de nuit. Elles peuvent être continuelles et jouer considérablement sur le moral.
Le gonflement (oedème) d’une ou, le plus souvent, de plusieurs articulations. En règle générale, l’atteinte est symétrique, c’est-à-dire que le même groupe d’articulations est touché des 2 côtés du corps. Il s’agit souvent des poignets ou des articulations des doigts, en particulier celles situées le plus près de la main ;
Les articulations atteintes sont également chaudes et parfois rouges ;
Une raideur matinale des articulations, qui persiste durant au moins 30 à 60 minutes. Cette raideur s’atténue après le dérouillage des articulations, c’est-à-dire après les avoir mobilisées et réchauffées. Cependant, la raideur peut revenir dans la journée, après une période d’inactivité prolongée ;
La fatigue est très présente dans cette maladie, souvent dès le début. Elle peut être très invalidante et difficile à comprendre pour l’entourage. Elle est liée au processus auto immun et à l’inflammation. Elle peut être associée à un manque d’appétit.
De la fièvre peut être présente lors des poussées de la maladie.
Évolution des symptômes
Plus la maladie évolue, plus il devient difficile d’utiliser ou de bouger normalement les articulations atteintes ;
De nouvelles articulations peuvent être touchées ;
De petites bosses dures (non douloureuses) peuvent se former sous la peau, surtout à l’arrière des chevilles (tendons d’Achille), aux coudes et près des articulations des mains. Il s’agit de nodules rhumatoïdes, présents chez 10 à 20 % des personnes atteintes ;
Une dépression, causée par la douleur, la chronicité de la maladie et tous les changements de vie qu’elle impose, peut survenir.
*Autres symptômes (ne touchant pas les articulations)*
Chez certaines personnes, le processus auto-immun de la polyarthrite rhumatoïde peut agresser divers organes en plus des articulations. Ces formes peuvent nécessiter une approche thérapeutique plus énergique.👇
*Une sécheresse des yeux et de la bouche (* un syndrome de Gougerot-Sjögren), présente chez environ un quart des personnes atteintes ;
*Une atteinte du coeur, en particulier de son enveloppe* (appelée péricarde) qui n’entraîne pas toujours de symptômes ;
*Une atteinte des poumons ou des reins* , pouvant aussi être liée aux médicaments ou aggravée par ceux-ci ;
*Une anémie inflammatoire.
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*Remarque* 👇
*La polyarthrite rhumatoïde se manifeste souvent de façon symétrique, atteignant les mêmes articulations des 2 côtés du corps.* Ce signe la distingue de *l'Arthrose qui, elle, touche habituellement les articulations d'un seul côté à la fois.*
*Les personnes à risque, les facteurs de risque et la prévention de la polyarthrite rhumatoïde*
1 *)Personnes à risque* 👇
👉Les femmes. Elles sont de 2 à 3 fois plus atteintes que les hommes ;
👉Les personnes entre 40 et 60 ans, âge de survenue le plus fréquent ;
👉Les personnes dont un membre de la famille souffre de polyarthrite rhumatoïde, car certains facteurs génétiques contribuent à la survenue de la maladie. Avoir un parent atteint multiplie par deux le risque de polyarthrite rhumatoïde.
*2)Facteurs de risque*
👉Les fumeurs risquent davantage de souffrir un jour de polyarthrite rhumatoïde, avec des symptômes plus graves que la moyenne.
👉Les femmes ayant eu de nombreuses grossesses ou ayant pris longtemps une contraception hormonales voient leur risque de polyarthrite rhumatoïde diminuer.
*Prévention*
*Peut-on prévenir?* 👇
Il existe peu de moyens pour prévenir l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde.
*Ne pas fumer et ne pas s’exposer à la fumée secondaire constitue, pour le moment, la meilleure prévention.* Quand une personne de parenté proche est atteinte de cette maladie, il est fortement conseillé d’éviter de fumer.
*Mesures pour prévenir ou atténuer la douleur articulaire* 👇
Comme la polyarthrite rhumatoïde touche souvent les doigts et les poignets, elle peut causer une gêne importante dans la vie de tous les jours. Des exercices des mains, effectués selon les directives d’un médecin ou d’un physiothérapeute, doivent être faits tous les jours pour limiter la raideur des articulations et améliorer la force musculaire. Cependant, en cas de fortes douleurs, ne forcez pas, car cela pourrait aggraver l’inflammation.
Certains gestes doivent être évités, en particulier ceux qui risquent d’accélérer la déformation des articulations. Pour les personnes qui travaillent à l’ordinateur, il faut par exemple s’assurer que la main reste dans l’axe du poignet. Il est également déconseillé de porter de lourdes casseroles par le manche ou de forcer avec le poignet pour dévisser un couvercle.
C'est la fin de la séance👩⚕️
Bonne santé à tous !👩⚕️👩⚕️👩⚕️👩⚕️👩⚕️👩⚕️👩⚕️👩⚕