07/01/2016
Tous les jeudis, 3 amis vont courir ensemble … ils sont tous les trois d'accord que c'est idéal pour se maintenir en forme, rester en bonne santé et ressentir de bonnes sensations physiques. Pourtant, après ce footing hebdomadaire, nos trois amis ont généralement l'habitude de prendre un apéro sympathique entre copains. Un doigt de houmous sur un cracker associé à un petit verre de boukha ruine alors en quelques minutes les efforts passés à courir.
Comment peut-on alors expliquer cet apparent manque de cohérence dans les comportements de nos trois compères ?
Tout thérapeute cognitiviste vous expliquera certainement que derrière ces raisons de surface se cachent plusieurs « schémas cognitifs », des filtres de pensée, qui guident à leur manière une partie de nos comportements. Il est ainsi possible que pour l'un de nos trois amis, courir entre amis, c'est montrer a soi-même et aux autres qu'il est le plus endurant, le meilleur. En quelque sorte, il met en place de façon implicite un certain schéma de domination. Et cela fonctionne d'ailleurs très bien auprès de l'un de l'un ses deux amis qui le considère comme son modèle. Pour lui, c'est plutôt un schéma d'assujettissement qui guide son comportement : il est bon de faire comme mon modèle. Quant à notre troisième homme, il est possible qu'il soit dans un schéma d’évitement : le petit footing entre copains, c'est aussi un moyen de ne pas rester avec sa femme et ses enfants.
Si nous sommes d'accord que ces filtres constituent en quelque sorte des expressions de la personnalité de tout un chacun, ils servent aussi à guider la façon dont nous analysons notre environnement et nos relations aux autres. Et c'est en partie par leur intermédiaire que nos pensées conscientes émergent.
Bien évidemment, chaque personne dispose d'un panel de plusieurs filtres parmi lesquels certains sont mis en avant dans l'analyse des situations auxquelles nous nous retrouvons confrontés. C'est notamment ce qui fait qu' à situation équivalente, disons « attendre une personne à un rendez-vous dans un espace publique » un anxieux se dira certainement « il lui est peut-être arrivé quelque chose », un paranoïaque « il prépare peut-être quelque chose contre moi », un pervers « il ne perd rien pour attendre à son tour », un dépendant « peut-être qu' il ne m’apprécie plus », etc …
Enfin, il faut aussi savoir que certains schémas sont dits dysfonctionnels et correspondent à des «raisonnement biaisés », parfois en généralisant « encore une facture, je n'ai vraiment que des soucis », en s'attribuant exclusivement les conséquences « j'ai eu un accrochage, ça n'arrive qu'à moi », en faisant des déductions arbitraires « c'est sûrement de sa faute, il m'a fait un sourire en coin», etc …
En thérapie, une phase importante concerne les schémas cognitifs, nos filtres de pensées. Des petits tests nous permettent de les identifier et de simples exercices nous aident à remplacer ces schémas par d'autres, plus adaptés. En effet, savoir comment nous fonctionnons nous permet aussi d'apprendre à fonctionner autrement.