05/09/2025
Le 5 septembre 1895 marque un tournant dans l’histoire du Sénégal : Serigne Touba, fondateur du mouridisme, fut convoqué au palais du Gouverneur à Saint-Louis et condamné à la déportation au Gabon. Cet ép*sode, appelé rákkas de Ndar, illustre l’opposition entre la soumission à Dieu et la domination coloniale.
D’abord décrit par l’administration coloniale en 1889 comme un marabout pieux et tranquille, Cheikh Ahmadou Bamba suscita rapidement inquiétudes et soupçons à mesure que ses disciples se multipliaient. Les autorités coloniales, craignant son influence, l’assimilèrent progressivement à une menace, allant jusqu’à l’accuser de préparer une lutte armée.
En réalité, son procès reposa largement sur des rumeurs et des accusations sans preuves, notamment une lettre attribuée à Samba Laobé Penda, fabriquée par Mame Abdou Lô. C’est sur cette base fragile que les colons décidèrent de sa déportation. Ce schéma se répétera d’ailleurs : en 1903, Bamba sera encore exilé, puis placé en résidence surveillée.
Si les colons voyaient en lui un « destructeur de l’homme blanc », Serigne Touba choisit la résistance spirituelle et la non-violence, affirmant que son seul combat était pour Dieu. Sa phrase restée célèbre, « Le kun (Soit) est plus fort que le canon », symbolise cette posture.
127 ans plus t**d, cet ép*sode rappelle non seulement la force morale et spirituelle de Serigne Touba, mais aussi l’importance des rumeurs dans la stratégie coloniale de déstabilisation. Ce qui devait l’anéantir a finalement contribué à renforcer son aura et son héritage spirituel.