10/28/2025
« On sâest moquĂ© de moi parce que je suis le fils dâun Ă©boueur â mais, Ă la remise des diplĂŽmes, jâai prononcĂ© une seule phrase⊠et tout le monde sâest tu en pleurant. »
Je mâappelle Miguel, le fils dâun Ă©boueur.
Depuis lâenfance, je savais ce quâĂ©tait la difficultĂ©. Pendant que les autres enfants jouaient avec des jouets neufs et mangeaient au fast-food, moi jâattendais les restes devant les carinderias (petites cantines de rue).
Chaque jour, ma mĂšre se levait aux aurores. Son grand sac sur lâĂ©paule, elle allait fouiller prĂšs des bennes du marchĂ© pour trouver de quoi gagner quelques piĂšces. La chaleur, les mauvaises odeurs, les coupures de arĂȘtes de poisson, les cartons dĂ©trempĂ©s⊠tout cela faisait partie de sa routine.
Et pourtant, jamais je nâai eu honte de ma mĂšre.
LâĂ©meute que je nâai jamais oubliĂ©e
Je nâavais que six ans quand on mâa insultĂ© pour la premiĂšre fois.
« Tu pues ! »
« Tu viens de la décharge, hein ? »
« Le fils du gars des ordures ! Hahaha ! »
Ă chaque Ă©clat de rire, jâavais lâimpression de mâenfoncer dans le sol.
De retour Ă la maison, je pleurais en silence.
Un soir, ma mĂšre mâa demandĂ© :
â « Fils, pourquoi as-tu lâair si triste ? »
Jâai juste souri et rĂ©pondu :
â « Rien, Maman. Je suis juste fatiguĂ©. »
Mais Ă lâintĂ©rieur, jâĂ©tais brisĂ©.
Douze annĂ©es dâinsultes et de rĂ©sistance
Les annĂ©es ont passĂ©. De lâĂ©cole primaire au lycĂ©e, lâhistoire Ă©tait la mĂȘme. Personne ne voulait sâasseoir Ă cĂŽtĂ© de moi. Dans les travaux de groupe, jâĂ©tais toujours choisi en dernier. Lors des sorties scolaires, on ne mâinvitait jamais.
« Le fils de lâĂ©boueur »⊠câĂ©tait devenu mon nom.
Pourtant, je me taisais. Je ne ripostais pas. Je ne me plaignais pas.
Jâai simplement dĂ©cidĂ© dâĂ©tudier de toutes mes forces.
Pendant quâils jouaient au cybercafĂ©, jâĂ©conomisais pour pouvoir photocopier mes notes. Pendant quâils sâachetaient de nouveaux tĂ©lĂ©phones, je rentrais Ă pied pour Ă©conomiser le transport.
Et chaque nuit, tandis que ma mĂšre sâendormait Ă cĂŽtĂ© de son sac de bouteilles, je me rĂ©pĂ©tais :
« Un jour, Maman⊠on sâen sortira. »
Le jour que je nâoublierai jamais
Le jour de la remise des diplÎmes est arrivé.
En entrant dans le gymnase, jâai entendu les murmures et les ricanements :
« Câest Miguel, le fils de lâĂ©boueur. »
« Il nâa sĂ»rement mĂȘme pas de vĂȘtements neufs. »
Mais je mâen moquais dĂ©sormais. Parce quâaprĂšs douze ans, jâĂ©tais lĂ â major de promo, magna cm laude.
Au fond de la salle, jâai vu ma mĂšre. Elle portait un vieux chemisier tachĂ© de poussiĂšre et tenait son tĂ©lĂ©phone Ă lâĂ©cran fendu.
Pour moi, câĂ©tait la plus belle femme du monde.
âŠâŠâŠ (Lâhistoire continueâŠ) đđ